LE DÉPART
LA LIBYE
LE DÉPART
LA LIBYE
previous arrow
next arrow

Chapitre 5 : La Libye

En Libye, chaque jour,  les jeunes sont torturés, brûlés, électrocutés. Amaigris, enfermés dans des hangars surpeuplés, ils développent de nombreuses maladies. À LIMBO, nous refusons le terme de « migrant », qui nie l’horreur de ces camps. Nous lui préférons celui de « survivant ». David a passé 6 mois en Libye. Il n’en est pas tout à fait revenu.

Cliquez ici pour découvrir la suite du chemin, écrit et chanté par les jeunes de Limbo.

 

PLUS QUE L’ENFER
Texte David

Un voyage pas comme les autres,
Un chemin vers l’enfer, mais plus que l’enfer.
Le seul crime que j’ai commis, c’est de fuir l’insécurité.
J’ai emprunté un chemin qui me mène vers l’enfer, sur Terre, sans le savoir.
Tellement ma vie était précaire, j’ai préféré aller devant. 

Un voyage pas comme les autres,
Un chemin vers l’enfer, mais plus que l’enfer.
Dans le camp en Libye, j’ai vu des femmes violées, 
des hommes battus à mort, 
des enfants affamés. 

J’ai vu aussi des cadavres, jetés à la poubelle comme des poulets.
Des hommes de 30 qui pesaient, 30 kilos.
En Libye, le trafic des noirs, c’est comme un marché.
Où on va s’acheter, une chèvre.
Mais même les chèvres vivent mieux que nous, là-bas.
Parce que, c’est plus que l’enfer.

Un voyage pas comme les autres,
Un chemin vers l’enfer, mais plus que l’enfer.
Dans le désert de Libye,
J’ai vu des 4×4 garés au milieu de nulle part,
Remplis de cadavres, secs,
Comme des poissons fumés, sous le sable chaud.

Ceux qui voyageaient dans la citerne, 
Arrivaient à destination, 
Morts, étouffés par l’essence.
Et leur seul crime, c’est de voyager. 
Hélas, on voyage tous, à un moment dans la vie.

Alors qu’est-ce que j’ai fait, pour mériter tout cela ?

Un voyage pas comme les autres,
Un chemin vers l’enfer, 
mais plus que l’enfer.

Mon coeur pleure, mon âme saigne, 
C’est comme si une partie de moi était morte. 
Quand je pense à toute cette torture, 
Quand je revois mes frères et moi devant un inconnu,
Fouillées, les parties intimes,
Femmes, comme hommes. 

Mon coeur pleure, mon âme saigne. 
Pour tous ces hommes tombés dans l’obscurité totale, 
Dans un silence absolu, 
Enfouis, sous le sable chaud, 
Sous les ordures dans le camp,
Noyés, au fond de la mer, 
Tous ceux dont leur identité est connue par un simple chiffre.

Un voyage pas comme les autres,
Un chemin vers l’enfer, mais plus que l’enfer.