LE CHANT DES VIVANTS
LE CHANT DES VIVANTS
LE CHANT DES VIVANTS
LE CHANT DES VIVANTS

La genèse du projet

Une expérience inédite

À Conques, lors de nos séjours LIMBO, nous avions créé un espace pour permettre à ces jeunes survivants, non pas de parler forcément, mais de pouvoir le faire. Au fil de la semaine, les séances d’art-thérapie – à travers le théâtre, la danse, la photographie, la musique – travaillent sur la mémoire du corps, la réparation, le lien à l’autre. Et peu à peu, la parole refait surface. Mais, quand les jeunes ne peuvent pas dire, souvent, ils chantent. Ils improvisent des petits textes, qui parlent de l’exil, des espoirs qu’il porte et de ceux qu’il détruit. À Conques, la musique est omniprésente chez eux : ils ont les écouteurs vissés aux oreilles, improvisent des fragments de chansons qui émergent souvent dans des situations incongrues…

Une idée naît. L’idée de trouver un langage pour rendre audible ce qui semble indicible.

Alors, au mois d’avril 2018, nous invitons un ami musicien, Mathias Duplessy, à venir à Conques lors d’un de nos séjours. Là, pendant une petite semaine, l’équipe de LIMBO et Mathias travaillent sur des chansons avec quelques jeunes qui se sont portés volontaires, pour faire des essais de mise en mots, de mise en musique. L’envie de chanter déverrouille petit à petit l’impossibilité de nommer les choses : car avant de pouvoir chanter, bien sûr, il faut prononcer, puis fixer les mots justes.

Progressivement, le rythme se trouve. Sous le regard bienveillant de Cécile, les jeunes renouent avec leur passé, le mettent en mot. Vient ensuite le temps de la musique : après un long échange avec les jeunes, pour sentir, capter, la musique de leur exil, Mathias compose une mélodie. C’est ainsi que les jeunes, et notamment F. (auteur de « Où vais-je ? »), ont écrit les premières chansons. Nous avons décidé de documenter cette expérience dans un film.

● Une voix différente mais une langue commune

Ils sont une petite dizaine à avoir décidé de participer à cette aventure. Parfois seuls, parfois à deux, avec un peu d’aide, ils ont écrit les neufs chansons qui jalonnent Le Chant des vivants. Chacune de ces chansons retrace, l’une après l’autre, les étapes de la route de l’exil. Le départ, la route, la Libye, la traversée, l’arrivée,  le trauma, l’avenir… Ensemble ces jeunes ont composé un hymne : le chant des survivants, un chant des vivants.

En écrivant une chanson qui raconte leur histoire, Bailo, Egbal, Sophia, Victoria, Anas, David, Hervé, Zomuy, Michael, ont quitté la rive des morts. Dans ce Chant des vivants, ils ont trouvé une façon de dire simplement la douleur d’être en vie et d’en extraire autre chose que de la douleur. Ils ont trouvé un autre chemin pour s’avancer vers la clairière et dire leur histoire ; un chemin musical, plus lent, par moments drôle, agréable. Le film qui en est né est la manière, pour toute l’équipe de LIMBO, de faire partager cette expérience